Tout portait à penser que le Maroc serait la singularité mathématique de cette rigide équation qu’est le printemps arabe, mais la situation courante reflétée par la tension publique qui régit les protestations quotidiennes et les confrontations sanglantes entres citoyens et forces de l’ordre trace un nouveau cadre à cette singularité Marocaine qui se voit poussée à respecter la logique populaire des demandes de réformes, avec nul échappatoire au changement imminent.
Plusieurs solutions, où plutôt ruses sournoises visant le gain de temps contre cette avalanche réformiste qui menace d’engloutir l’administration marocaine en entier ont été implémentée, mais en vain.
La tristement célèbre attaque terroriste d’Argana qui a frappé Marrakech ce 28 Avril est l’une des dernières ingéniosités du Makhzen dans le domaine de la lutte anti-réformiste. Dans un Maroc où les menaces terroristes ont succombé sous le charme de l’hibernation dicté par les autorités depuis le 16 Mai, jour où l’administration Marocaine a usé des attaques fictives des Salafistes terroristes pour imposer une agenda politique royale visant la contre-attaque de la montée de l’islamisme politique –chose compréhensible compte tenu que l’islamisme et la royauté/corruption sont mutuellement exclusifs-, on voit soudainement apparaître dans les médias et sur internet cette annonce stupéfiante et tout aussi ridicule : Un homme dont l’éducation est assez faible (chose normale dans un pays où l’éducation est le dernier des soucis) use d’une bombe contrôlée à distance pour faire exploser un café grouillant de touristes, résultant dans la mort d’une douzaine d’étrangers et autant de blessés. Ce qui a trahit le plan sadique des autorités est la concordance des faits avec la situation actuelle au Maroc ainsi que le caractère répétitif d’une telle attaque dans des situations pareilles dans le monde arabe en temps de crise.
Après 8 ans de calme dans un pays dont les mesures de sécurité et les lois anti-terroristes valent l’éloge des U.S.A et de son voisin européen, et dans une contrée où les cellules terroristes sont peu active, et dans un cadre socio-politique et stratégique peu favorable à une attaque terroriste, le Maroc se voit victime d’un coup monté par une fanatique qui a supposément prêté allégeance à Al-Qaida. Un observateur doué de sens commun et de peu de logique politique peut voir que cette situation est plutôt un complot monté en eaux troubles. Ce qui est plus choquant dans l’attaque, qui coïncide étrangement avec les protestations et les démonstrations publiques, c’est qu’elle a été pareillement perpétrée dans une Egypte embrasée par les révoltes dans des conditions similaires à celle du Maroc.
Quand les autorités égyptiennes visèrent une église copte pour dévier l’attention de l’opinion publique envers des dossiers autres que les demandes réformistes, afin de créer une certaine animosité entre coptes et musulmans pour déplacer le centre des combats de peuple-gouvernement vers Musulmans-Coptes, les citoyens égyptiens interceptèrent le message codé envoyé par la clique au pouvoir et ne subirent pas les méfaits d’un conflit ethnique qui aurait perverti la révolution, lui prononçant un verdict final : La mort prématurée !
Ceci dit, au Maroc, les citoyens -bien que quelques un dénoncent l’acte barbare sous différents angles, proférant des indignations envers la DST et son travail pourri, passant par la condamnation des autorités cru complice dans l’inside job Marocain- l’effet voulu s’épanouit directement, avec des ralliements publiques à Jamaa Lfna pour chanter les louanges du roi et réciter l’anathème, des uns allant même jusqu’à combiner l’acte avec le mouvement du 20 février qui sois disant aurait procurer le parapluie social pour faciliter la perpétration d’actes troublants l’ordre publique, et ce en instaurant une situation d’instabilité qui a mis en défaut les services de sécurité et les aurais empêché de faire leur boulot compte tenu leur préoccupation avec les évènements promu par les protestants et démonstrateurs.
Cette stratégie de déviation des centres d’intérêts a été l’un des piliers de la lutte antipopulaire menée par les régimes, toujours trouvant un bouc émissaire pour sauver leurs intérêts : si ce n’est les frères musulmans en Egypte, ce sont les Salafistes au Maroc ou Taliban en Afghanistan.
Comme quoi, si la situation commence à échapper au contrôle du Makhzen, et que la révolte prend de nouvelles dimensions, le bâton de la sécurité national peut toujours être ressorti : Ne joignez pas les démonstrations, restez dans vos maisons, criez les louanges du roi et du pays, sinon, vous foutez la merde dans la nation et vous facilitez le travail des méchants terroristes : C’est ce qu’on appelle une simplification enfantine pour ceux qui n’ont pas pu procéder le message correctement.
Comme si cela ne suffisait pas, l’administration a creusé un peu dans son manuel de survie, et nous a ressortis une nouvelle insulte vis-à-vis de l’envie du public de voir un changement palpable dans ce pays : Retardons le bac, cela fera plaisir aux étudiants qui peut- être fermerons leur gueules et resterons à leur maison afin de réviser pour les examens, comme quoi ils n’auront pas d’excuse pour boycotte le BAC et ainsi enfler le mécontentement public, car on sait bien qu’un étudiant qui rate son bac n’aura autre chose à faire que joindre les manifs. Un signe de bonne volonté envers les étudiants ou une plaisanterie qui ne fait rire que les officiels qui l’ont implanté ? Car je ne savais pas que nos étudiants étaient des super-brainiacs qui récupèrent des mois de révision perdus en une semaine !
Le pic de cette série hilarante de solutions à la hâte pensés par nos responsables politiques fut bel et bien l’invitation du conseil de coopération des pays du golf faite exclusivement au Maroc et à la Jordanie pour joindre le conseil!
Ce qui est hilarant est bien sûr le timing d’une telle invitation et la nature même d’une telle probable intégration du conseil accepté de cœur ouvert par un régime en manque d’aide et de souffle pour combattre le soulèvement populaire.
Ce conseil, dont le vrai nom serait plutôt le conseil de coopération des monarchies arabes, a prouvé une fois de plus la fraternité Arabe, mais cette fois pas entre les peuples mais entre les régimes royaux. Pour sécuriser un régime, rien de meilleur que de baigner le peuple dans les illusions matérialistes des bienfaits du pétrodollar. Nous ne sommes pas un pays du Golf, nous n’avons pas de ressources pétrolières et nous ne sommes pas des Khaliji ? Est-ce ce pourquoi vous êtes en colère ? Le prix de la tomate et les autres dépenses vous surpassent ? Nous, ingénieux officiels et dicteurs de la politique nationale, en ces temps de tensions et de troubles, avons pensé à ramener le Golf et ses bienfaits au Maroc ! Nous vous déclarons officiellement heureux bénéficiaires des bienfaits du Khalij, et nous vous balanceront des billets à tour de bras, pourvu que vous retourniez à vos maisons et que vous arrêtiez ce charabia qui nous donnent des maux de tête.
Si quelqu’un pouvait me donner une explication logique d’une telle invitation qui, rappelons-le n’est pas une action unilatéral –comme certains essaient d’avancer pour innocenter l’administration de tout acte prémédité pour borner le peuple-, mais bel et bien un effort bilatéral mené par notre gouvernement et le conseil bien avant la déclaration publique d’une telle initiative annoncée en direct sur les télévisions et chaines mondiales.
Sauver le pouvoir, le trône, la monarchie et les royautés absolutistes était et est toujours l’objectif principal de nos régimes corrompus, et pour ce faire, ils sont prêts à tout, des ripostes musclées dictées aux forces de l’ordre jusqu’à la création de leur propre club élitique de monarques arabes -un arche de Noé voulu comme barque de secours pour sauver ceux que le peuple veut balancer dans la poubelle de l’histoire-, c’est dire combien nos chers leaders pensent aux demandes du peuple et valorisent ses aspirations !
Penser que le peuple sera poussé au silence et à la servitude docile après une aumône faite aux Marocains par les gros princes et Cheikhs pervers du Golf est une grande illusion qui montre à quel point le régime a failli dans sa mission pour comprendre le peuple, la nature de ses demandes et la valeur morale de son entité.
Après tout, ces options étalées devant les autorités marocaines ont failli dans leur mission de pacifier le peuple, nous poussant à méditer sur les nouvelles actions potentielles d’un régime qui veut sacrifier tout, peuple et ressources pour assurer sa stabilité et sa continuité.
Une majeure opération sécuritaire contre le peuple, un nouvel attentat terroriste ou même l’annonce de nouvelles promesses de réformes promulguées par le roi ? Rien n’est sûr pour l’instant, sinon la certitude que ce mythe avancé par ceux au pouvoir disant que le Maroc n’est pas la Tunisie, n’est pas la Libye, n’est pas l’Egypte et n’est certainement pas le Yémen et sur ce ne verra pas la naissance d’un mouvement révolutionnaire contre les symboles de la corruption est au fait un mensonge que les autorités veulent nous vendre à tout prix.
Ceci fut confirmé par les récentes démonstrations à Casablanca, courageusement initiés par les citoyens de Sbata qui ont bravement occupé les rues pour crier leur mécontentement envers un gouvernement obsolète qui n’a en aucun point servi les intérêts du peuple et qui en plus essaie d’entraîner ces forces armées dans d’autres places que des salles de musculations, s’offrant le privilège gratuit d’user des dos des citoyens pour essayer leur matraques nouvellement acquises au lieu de payer pour la construction de centres d’entraînements spécialisés (allez savoir où est passée l’argent allouée à ces centres qui n’ont jamais vu le jour !).
Une chose est sûre dans toute cette histoire :
Qu’on le veuille ou pas, la révolution est à nos portes !
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